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Dépression Kirk : des précipitations record pour l’automne, aggravées par le dérèglement climatique

Des habitants de Seine-et-Marne et d’Eure-et-Loir les pieds dans l’eau, un plaisancier mort à Sète, des transports perturbés, 48 000 foyers toujours privés d’électricité jeudi 10 octobre à la mi-journée… La tempête Kirk, qui a balayé la France, a déversé des trombes d’eau soutenues et durables, exceptionnelles pour le nord du pays. Ce phénomène, néanmoins, est appelé à se multiplier avec le dérèglement climatique.
Avec entre 72 et 74 mm de précipitations à Noirmoutier (Vendée), Le Perray (Yvelines) ou Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), il est souvent tombé autant de pluie en vingt-quatre heures entre mercredi et jeudi qu’habituellement en un mois. Dans la capitale, la station Paris-Montsouris a enregistré 71 mm en une journée, soit un record pour le mois d’octobre depuis un siècle (1920). « Observer un tel cumul de pluies est très rare en automne dans la région parisienne », indique Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France. Une telle ampleur est même inhabituelle pour l’ensemble de l’année : depuis cent cinquante ans, seules six journées se sont vues plus arrosées tous mois confondus.
Ces fortes précipitations ont engendré de nombreuses inondations. Une crue majeure est en cours sur le Grand Morin (Seine-et-Marne) et le Loir amont (Eure-et-Loir). Des crues importantes touchent plusieurs régions, des Pays-de-la-Loire à la Normandie, de l’Ile-de-France à l’est de la Picardie. A 17 heures jeudi, 161 communes étaient encore placées en vigilance crue. Le passage de la dépression s’est également accompagné de fortes rafales de vent, avec 139 km/h à Villard-de-Lans (Isère), 121 km/h à Socoa (Ciboure, Pyrénées-Atlantiques) ou 113 km/h à Lyon-Bron (Rhône).
« Cet épisode est survenu après une année de précipitations excédentaires sur une grande partie de la France, rappelle Patrick Galois. Les sols, saturés, ne peuvent donc pas toujours les absorber, ce qui provoque des inondations. » Le mois de septembre s’est avéré le plus arrosé depuis vingt-cinq ans, et le printemps se classe en quatrième position depuis 1959. La période du 1er janvier au 9 octobre affiche un excédent pluviométrique de 30 % par rapport aux normales. A Paris, le cumul de pluies s’établit par exemple à 870 mm, contre 670 mm sur la moyenne 1991-2020.
Le dérèglement climatique a aggravé la tempête Kirk et entraînera davantage d’épisodes intenses à l’avenir. Selon une étude d’attribution du groupe de scientifiques Climameter, le réchauffement a augmenté les précipitations de Kirk de 20 % et les vents de 12 %. « La tempête Kirk est un signe clair de la façon dont le changement climatique, alimenté par les émissions de gaz à effet de serre, modifie notre météo », réagit Davide Faranda, climatologue à l’Institut Pierre-Simon-Laplace.
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